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Antonietta Grassi s’est engagée dans la pratique de la peinture abstraite pendant la plus grande partie de sa carrière. Ses peintures, qui apparaissent d’abord comme des abstractions géométriques aux arêtes vives, sont composées de surfaces peintes multicouches où le toucher de la main est primordial. Grassi peint des formes superposées, intuitivement dérivées, entrecoupées de fines lignes filiformes, créant des œuvres où le textile, les systèmes informatiques, l’architecture et l’histoire de la peinture du XXe siècle s’entrechoquent. À travers sa palette nuancée et étagée, elle explore la couleur et la lumière pour créer des espaces perceptifs qui sont dessinés à partir de sa mémoire et son imagination. Le travail de Grassi est à la fois mathématique et pictural, reflétant une approche axée sur les processus qui dément les compositions organisées des formes géométriques qui prévalent dans les œuvres.
Le travail de Grassi a fait l’objet d’expositions individuelles et collectives dans des musées et des galeries au Canada, aux États-Unis et en Europe, notamment au Musée National des beaux-arts du Québec; Museo Civico di Molise à Casacalende, Italie; Kunstwerk Calshutte à Budelsdorf, Allemagne; le Centre des Arts de Boston, Trestle Gallery à New York; Galerie du manifeste à Cincinnati, Ohio; la galerie Bruce Lurie à Los Angeles; la Galerie McClure, Lilian Rodriguez, la Galerie Leonard et Bina Ellen et la Maison de la Culture Frontenac à Montréal. Son travail est dans de nombreuses collections publiques, corporatives et privées, notamment le Musée national des beaux-arts du Québec.
DÉMARCHE
La machine et son histoire sont des thèmes récurrents dans les peintures de Grassi. Malgré le triste sort des pièces jetées, ces machines sont tout sauf rebutantes. Ce sont des créatures autonomes magnifiquement lumineuses qui semblent être en vie. Ce n’est pas que leur forme, mais aussi le fonctionnement interne de leur système d’exploitation qui intéresse Grassi. L’artiste tire son inspiration de mathématiciennes et d’informaticiennes comme Ada Lovelace et Grace Hopper. Dans sa pratique, on retrouve aussi le métier a tisser Jacquard, un des premiers systèmes informatiques. Non seulement ii a servi de modèle à plusieurs des machines de Grassi, mais il est aussi lié aux racines de l’artiste, dont la mère et les tantes ont travaillé dans l’industrie du vêtement . Elle-même a déjà été designer textile. Les fils récurrents dans ses peintures semblent maintenir ensemble, telle une couture, ces influences et souvenirs.
L’utilisation que fait Antonietta Grassi de la couleur et de la grille résonne avec les oeuvres de femmes artistes issues de l’abstraction moderniste du 20e siècle – un autre système de codage à part entière : on peut apercevoir Helen Frankenthaler et Agnes Martin sous les lignes horizontales multicolores. Tout comme Eva Hesse, elle ajoute sa touche à un sujet qui semble impersonnel en imprégnant la machine de vie et d’émotions. Son approche de la peinture est intuitive autant qu’intentionnelle, chargée d’une mémoire, mais aussi mathématiquement et techniquement précise. Puis, peu importe l’ère dans laquelle nous nous trouvons, ii ya toujours la manifestation d’un espoir et d’une liaison.
– Amanda Beattie, 2021
Traduit de l’anglais par Catherine Barnabé (extrait de la Revue Esse, 2021)
Voir biographie sur Wikipedia (anglais)